INTJ – INFJ, personnalité perçue vs personnalité vécue : d’un côté, il y a les stéréotypes habituels associés à votre type de personnalité et d’autre part, il y a ce que vous vivez réellement.
Et entre les deux parfois, un gros décalage.
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Fabienne, INFJ
Le glaçon qui dit non
Si je vous dis que je suis INFJ, quelle image avez vous de moi ?
Je vous pose la question parce que c’est important pour moi : savoir quelle image je vous renvoie. Ou plus précisément, c’est très important pour ma fonction auxiliaire, le sentiment extraverti, mon Fe pour les intimes.
Si je vous dis que je suis INFJ, me voyez-vous comme une personne douce, gentille, chaleureuse, toujours prête à aider les autres ?
Si vous m’imaginez comme ça, vous avez raison. Du moins en partie, car c’est bien une partie de moi, la partie que je vous montre et qui est bel et bien sincère. La partie la plus visible dans le monde extérieur. Oui, parce que je vous le disais, mon sentiment extraverti, ma fonction auxiliaire connectée au monde extérieur, est très soucieux de l’image que vous avez de moi.
Mon Fe cherche votre validation. Mon Fe veut vous plaire. Alors forcément, il vous montre les meilleurs côtés de ma personnalité. Sinon, c’est beaucoup trop risqué, vous allez peut être me rejeter. Pour être validé, mon Fe est très capable de s’adapter à vos attentes, même si elles sont différentes des miennes. L’INFJ caméléon, ce n’est pas une légende. Je me comporte selon les attentes des autres pour être sûre de leur plaire et finalement, personne ne sait exactement qui je suis. Pour être honnête, je crois que moi non plus, je ne sais pas toujours qui je suis.
Mon ego, mon identité, sont enfouis un peu plus loin dans ma fonction tertiaire, la pensée introvertie, Ti. C’est une fragilité que nous avons en commun avec mes jumeaux INTJ et leur sentiment introverti en tertiaire, Fi. Une identité malmenée, une vulnérabilité. D’abord le monde extérieur, ensuite nous. Éventuellement.
Avec le temps, mon Ti a grandi. Il s’est un peu endurci. Certains jours, il est même très musclé. Ces jours-là, l’INFJ gentille devient le glaçon trublion qui dit non. Et qui dit même des jurons. Froide et caustique. Sèche et tranchante. Pas juste comme ça, sans raison, non. C’est quand on m’a provoquée, quand je ne me sens pas respectée, quand j’ai besoin de me protéger ou tout simplement, quand j’essaie juste de m’écouter.
Et vous savez quoi ? Après ça, il y a la culpabilité. Parce que je vous ai peut-être blessés. Je vous ai choqués ou bousculés, et mon Fe en est tout désolé. Pardon d’avoir exprimé mon côté T, mal accepté en société. Trop direct, droit au but, des mots bruts, sans emballage et sans diplomatie, quitte à rompre l’harmonie. Aïe… Vous allez peut être me rejeter, maintenant que vous avez subi les foudres de mon Ti.
Ah ! attendez : mon Fe me dit dans l’oreillette qu' »une validation externe est plus importante qu’une validation interne ». Bon d’accord, je veux bien l’écouter. Je veux bien tempérer. Mais attention tout de même si vous me cherchez. Surtout que ce que je viens de vous raconter, c’est juste un petit en-cas, comme ça, pour démarrer en douceur. Mais accrochez-vous, parce que je vous emmène bientôt plus loin dans les profondeurs…
La Chouette, INTJ (L’Antre de La Chouette)
Un poussin dans un mecha
En tant qu’INTJ, je constate un décalage entre la manière dont les gens me perçoivent et la manière dont moi, je vis les choses. Cela peut paraître paradoxal, puisque j’ai habituellement des facilités à mettre des mots sur mes idées. Il y a peu d’écart entre ce que je dis et ce que je pense, et on me dit toujours que mon propos est clair et bien structuré.
En toute logique, ce que je renvoie aux autres devrait concorder avec ma perception de moi même. Et pourtant, c’est loin d’être le cas. Il y a des situations où les mots ne suffisent pas. Parfois, j’ai beau formuler mon ressenti de façon limpide, la personne en face réagit comme si elle avait affaire à un robot. Elle ne peut pas concevoir que j’éprouve réellement ce que je décris, comme si il manquait un signe, une étincelle pour me rendre crédible.
Le déni peut aller loin, au point que moi même, je finis souvent par me demander si je ne suis pas bel et bien une machine à simuler. Avoir un cœur de Schrödinger, c’est pas franchement pratique.
Il y a d’autres situations où les mots sont de trop. Ils roulent comme un bulldozer sur les autres, transformant d’un coup une conversation légère en un long silence embarrassé. J’ai pointé du doigt un élément gênant, j’ai été politiquement incorrecte, j’ai démoli l’argumentaire de mon opposant, le plongeant dans une sombre mélancolie. J’ai fait fuir la plupart des témoins qui craignaient sans doute qu’après ça, ce soit leur tour de passer à la casserole. Seule au milieu des décombres, je culpabilise d’avoir encore tout cassé.
Je me dis que je devrais arrêter de fréquenter des gens en fait, ils sont si fragiles. Je ne fais que les démolir à répétition avec mon verbe aiguisé. Tu m’étonnes qu’ils s’imaginent que je le fais exprès.
Pourtant, la plus fragile dans l’histoire, c’est moi. Dans ces moments, peu de gens se rendent compte que j’étais avant tout animé par la passion, que j’espérais corriger une injustice, que j’étais peut être blessée, que je souhaitais influencer positivement le futur, quitte à briser quelques pots dans le présent.
Là aussi, je passe plutôt pour une sorte de monstre indélicat, un assassin rhétorique fondant sur ses proies pour les achever d’un coup sec. Je ne parviens pas à transmettre vraiment ce qui m’anime et je me questionne de nouveau sur ma faculté à éprouver authentiquement les choses.
Vous savez, enregistrer ma voix en ce moment me cause de l’anxiété. Pour être tout à fait honnête, je suis à deux doigts de poser mon micro et d’aller enfouir ma tête contre un oreiller. Mais ça, ça ne vous sautera pas aux oreilles lorsque cet extrait vous sera diffusé. Ma pensée extravertie aura pris soin de filtrer cette émotion. Si je ne vous avais rien dit, vous auriez peut être même imaginé que ce travail n’était qu’une promenade de santé pour moi.
Ça résume plutôt bien ma vie en somme, la vie d’un petit poussin, aux commandes d’un gros mecha armé jusqu’aux dents.
Fabienne, INFJ
Ange à mi-temps
Vous avez déjà remarqué à quel point notre intuition introvertie est invisible, inodore, insipide, inaudible, insaisissable ?
C’est d’autant plus vrai lorsque vous êtes face à un ESTP ou un ESFP. Avec leur sensation extravertie dominante, ils veulent de l’action, de l’animation. Ils veulent du son, des expressions. Et vous, INFJ, ou INTJ, vous êtes là, devant eux et vous leur offrez : rien. Du vide. Du néant. Du chiant. Toc, toc, toc ! Y a quelqu’un là dedans ? Ça parle ? Ça bouge ? Ça vit ?
En fait, ils croient qu’ils sont les seuls à prendre des risques pour vivre à fond. Mais ce qu’ils ne voient pas, c’est que dans ma tête, je marche sur un fil tendu au-dessus d’un précipice. Ce qu’ils ne voient pas, c’est que parfois, je plonge dans le trou d’Alice. Le terrier du lapin, sans fin. Le gouffre profond, sans fond. On est arrivé ? Ah non tiens, on peut encore aller plus loin.
Voyager au royaume du Ni-dom, c’est explorer un univers fantastique et fascinant, mais potentiellement terrifiant. C’est une extrême lucidité sur le monde, une extrême lucidité sur notre condition de mortels et sur le temps qui s’écoule. Au cœur de la spirale, chuchotent mes angoisses existentielles. Qu’est ce qui est réel ? Qu’est ce qui ne l’est pas ? Quelquefois, je ne le sais même pas…
Pas grave, j’en profite un peu pour taper la conversation avec mes petits démons de tréfonds. Quelque part, dans la pénombre, je croise mes amis de l’ombre. Avec Lars von Trier et Marilyn Manson, on refait le monde et on le repeint en sombre. Et pendant ce temps, dans la vraie vie, l’image de Gandhi sauve le prestige des INFJ.
INFJ : créature magique, angélique, mystique, héroïque, romantique. Oui, ça arrive… mais pas tout le temps. Ange à mi temps, ça vous conviendrait mieux ? C’est pas mal, je trouve, non ? Ça nous laisse les autres 50% pour assumer joyeusement tous nos tourments.
Retour à la surface. L’ESTP et l’ESFP sont toujours là, devant moi. Ils parlent fort et avec agitation, mais j’entends leur voix comme si elle était étouffée dans un caisson. Normal : je reviens des profondeurs, je dois m’habituer à la différence de pression. Apparemment, ils n’ont rien remarqué. Bon, tant mieux. Et si je me décidais à échanger quelques mots avec eux ? Allez hop ! Activation du sentiment extravertie, et c’est parti !
La Chouette, INTJ
Par-delà la forteresse
Si vous prenez une personne qui me connaît de loin et que vous lui demandez de me décrire, elle va généralement décrire ma pensée extravertie. Elle va dire de moi que je suis rationnelle, efficace, pugnace, que je m’exprime de façon claire et structurée, que je suis un peu brute de décoffrage, etc.
Même dans la vraie vie, où je suis très timide et discrète, les gens que je rencontre vont surtout retenir des qualités et des défauts liés à la pensée extravertie. La pensée extravertie, c’est ma façade, l’interface de communication par défaut. D’ailleurs, beaucoup de gens s’imaginent que ma personnalité se résume à cela.
En fait, c’est plus un gigantesque rempart servant à cacher et protéger mon véritable moi. Si vous allez voir une personne vraiment proche de moi et que vous lui demandez de me décrire, les adjectifs utilisés vont fortement changer. Bien sûr, il y aura toujours cet aspect logique et organisé, on ne se défait pas de sa peau. Mais on va surtout dire de moi que je suis extrêmement sensible, que j’ai un fort besoin de spiritualité, un imaginaire aussi complexe que torturé et surtout, une passion incommensurable pour les paradoxes. Il faut au moins une forteresse de pensée extravertie pour préserver tout ce bazar des affres du monde extérieur.
La langue française ne suffit pas toujours à retranscrire notre vécu dans toute sa richesse. Ainsi, en plus de la composante émotionnelle, je ne peux pas partager certaines expériences abstraites qui se déroulent dans mon esprit. Mon aisance verbale n’y change hélas pas grand chose. Elles sont collées dans une langue dont je suis la seule locutrice, une langue faite de motifs intangibles, de fractales mouvantes et d’idées vaporeuses.
C’est plutôt étrange, en fait : j’ai passé une bonne partie de ma vie à expliquer aux gens que je n’étais pas une machine. Pourtant, moi, je me sens foncièrement subjective, passionnée, absorbée par mon propre univers.
Quand on me félicite d’avoir réalisé mon travail en un temps record et qu’on me demande : « Comment tu as fait ? », j’ai envie de répondre : « J’en sais rien, c’est un accident. J’ai posé mes mains sur un clavier et tout s’est fait tout seul pendant que je réfléchissais au scénario de mon futur livre ».
Non, je n’ai jamais été sérieuse ni disciplinée. Je n’ai jamais vraiment été là dans le moment présent à prendre conscience de ce que je faisais. J’ai juste senti l’inspiration m’envahir et je n’ai eu qu’à me laisser porter. Ce processus a une dimension presque sacrée pour moi. Il est inscrit dans mon essence, comme un oiseau migrateur connaît instinctivement le chemin vers son lieu d’hivernage. Je trouve les courants, et je les prends, c’est tout.
Me complimenter sur mon écriture, c’est un peu comme féliciter une hirondelle d’avoir fait un trajet Millau – Casablanca. En même temps, c’est une hirondelle : elle vole, que ça fasse plaisir à la DRH ou pas. C’est dans sa nature. Et ma nature à moi, bien peu de gens la connaissent vraiment.
Quand une INTJ et une INFJ discutent MBTI :
ÉCOUTER L’ÉMISSION EN VERSION INTÉGRALE :
Références citées :
– Le modèle de la voiture (Antonia Dodge et Joel Mark Witt)
– La socionique
Les témoignages diffusés dans l’émission sont des extraits.
Vous pouvez écouter ici chaque témoignage dans son intégralité.
(sans montage ni traitement audio)
Merci à vous également qui avez envoyé votre témoignage, même si vous n’apparaissez pas sur cette page.
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10 réflexions sur “INTJ – INFJ : on n’est pas qui vous croyez”
Bonjour,
Après avoir suivi votre échange très intéressant sur votre diffusion Youtube, je vous écris ici afin de vous demander si vous étiez intéressée pour que nous échangions à propos de nos différences MBTI lors d’un échange vocal (ESFP / INFJ).
Cet échange aurait pour but de comparer nos expériences et de partager nos points de vues sur des situations particulières ou communes afin d’enrichir nos expériences personnelles.
Je reste disponible en cas de besoin.
Cordialement,
Loïc
Bonjour Loïc, merci d’avoir participé à la Première sur YouTube 🙂
Concernant les échanges, c’est toujours très intéressant, mais il m’est impossible de répondre aux demandes individuelles faute de temps. Voici comment vous pouvez procéder, si cela vous convient : inscrivez-vous aux emails de PsychoPersonnalité et périodiquement, vous recevrez des invitations à participer par exemple à des sondages pour exprimer vos points de vue, vos expériences, vos attentes, ou à collaborer pour apporter votre témoignage, comme c’est le cas pour l’émission Ni vu Ni Connu.
Belle journée à vous.
Je suis boulversée par ce que décrit la Chouette. Je me reconnais tout à fait dans ce côté « Cassandre » et « VISIONnaire ». C’est tellement simple de vous écouter toutes les deux. Je suis reconnaissante pour votre collaboration dont le fruit me fait sentir moins seule et moins frustrée.
Merci à toi Marie, pour ce retour et pour ta contribution 🙂
Si cette émission peut t’aider et aider d’autres INJ, j’en suis vraiment ravie !
À dans 2 semaines pour l’épisode 2 !
« Les fonctions sont comme une pièce, il y a le côté pile et le côté face. » C’est vraiment parfaitement dit!
Oui, j’aime bien cette image aussi, elle est très parlante 🙂
Je me retrouve très bien dans le témoignage de Nesrine, et dans ce que tu as pu dire juste après sur l’INFP. J’ai quand même la sensation que les INFJ et INFP sont très proches sur beaucoup de points, c’est passionnant et troublant à la fois 🙂
Pas mal de personnes m’ont déjà fait part de cette réflexion effectivement, et du fait de ne pas pouvoir se situer entre INFJ et INFP, malgré les fonctions différentes… Un regard extérieur peut aider parfois 🙂
Voilà, épisode terminé. Très instructif comme les précédents podcasts que vous avez réalisés en commun! J’aime assez cette double ouverture qui a été mise en avant: ouverture de soi aux autres, et ouverture aux témoignages des autres. Je suis désormais très curieux de connaître les témoignages d’autres types encore, si vous arrivez à en capturer quelques-uns et les soumettre à la question!
Merci pour cette nouvelle série, hâte de voir la suite 🙂
Merci d’avoir pris le temps pour un retour Lucas ! Oui, les témoignages seront bien présents dans les prochains épisodes. D’ailleurs, merci encore pour ta participation, et rendez-vous dans 2 semaines pour le n°2 🙂