MBTI ET VALIDITÉ SCIENTIFIQUE

Aaaah, le MBTI !
Vous l’aimez. Vous le chérissez.
Il a déjà fait tellement pour vous dans votre vie !

En premier, il vous a apporté un soulagement : voir que votre façon de fonctionner “existe”, qu’elle a été décryptée et répertoriée, qu’est-ce que ça fait du bien, non ?

Ensuite il vous a aidé.e à mieux vous comprendre, et à mieux comprendre les autres. Il a peut-être même amélioré, voire sauvé vos relations ?

Aujourd’hui encore, vous y avez recours pour votre évolution personnelle, pour mieux gérer les défis de votre type de personnalité.

Peut-être l’utilisez vous également pour aider d’autres personnes à mieux comprendre leur fonctionnement ?

Bref, tout est merveilleux !

Oui, sauf que…
Vous les entendez, les arguments des détracteurs
Vous les voyez, les publications anti-MBTI
Avec un même leitmotiv répété-copié-collé-ânonné-rabâché :

“Le MBTI n’est pas reconnu par la science.”

Et c’est parti pour LA tirade qui a le don de vous agacer… 

Car oui, c’est vrai : le MBTI n’est pas dans les petits papiers de la science.

Mais dans le fond, quand on y réfléchit bien : est-ce vraiment un problème ?

Avec nous aujourd’hui pour faire le point sur la question :
notre invitée La Chouette, du blog L’Antre de la Chouette.
Je vous laisse en sa compagnie
🙂

Bonne lecture !

Fabienne

« Le MBTI n’est pas approuvé par la science, il n’est donc pas fiable ».

Les gens qui vous ont affirmé cela n’ont pas eu tort pour ce qui est de la première partie.

En effet, à l’heure actuelle, aucune étude sérieuse n’a démontré que le MBTI officiel était suffisamment rigoureux pour être qualifié de « scientifique » (à l’inverse du Big Five, souvent cité en exemple de « vrai modèle fiable »). Et m’est avis que cela n’arrivera jamais.

Dans cet article, je vais vous expliquer pourquoi il n’est pas pertinent d’évaluer la fiabilité du MBTI ainsi, et pourquoi l’absence de label scientifique n’est pas un bon argument pour vous interdire d’en faire usage.

MBTI, L'HISTOIRE D'UN ÉNORME MALENTENDU !

Que reproche-t-on au MBTI ?

Son manque de régularité, principalement. Le résultat de la passation (comprenant un questionnaire + un entretien)
a tendance à changer lorsqu’elle est effectuée une deuxième fois. Et ce, bien qu’on enseigne durant la formation que le type MBTI de quelqu’un reste identique toute sa vie. Cette incohérence entre théorie et pratique vaut au MBTI de nombreuses critiques, et un carton rouge de la part des scientifiques. 

Les connaisseurs du MBTI le savent, et les formateurs compétents le répètent : le questionnaire n’est qu’un indicateur, destiné à être complété par un entretien et des recherches personnelles, et non la vérité absolue sur qui vous êtes. J’ajouterai qu’un entretien d’une heure, aussi professionnel soit-il, ne saurait cerner votre type avec 100 % de précision.

Ce n’est pas parce que le résultat de la passation est différent la deuxième fois que votre personnalité a changé. Cela signifie, ni plus ni moins, que l’algorithme ou le formateur sont parvenus à une autre conclusion.
Peut-être avaient-ils des informations différentes à traiter, car vous étiez dans une disposition anormale, car vous n’avez pas répondu honnêtement lors d’une des deux passations (ce qui peut arriver inconsciemment), ou bien, en raison de difficultés à synthétiser vos comportements…

Faut-il vous en vouloir ? Non. Ce n’est pas à vous d’être assez « comme il faut » pour combler les lacunes d’un outil d’évaluation psychologique. C’est d’après moi le principal défaut du MBTI : vouloir le beurre et l’argent du beurre. Tenter de cerner quelque chose d’aussi profond et complexe qu’une personnalité humaine, à l’aide d’une forme qui ne permet que de sonder quelqu’un en surface. Une forme qui fait plus penser à un test de magazine de l’été, qu’à l’adaptation grand public de décennies de recherches de notre Carl Jung international.

Le Big Five, scientifiquement approuvé, parvient à garder une grande régularité dans ses résultats car il reste en surface. Contrairement au MBTI, il ne fait que décrire nos comportements visibles, sans essayer de les expliquer ou de les prédire. Il ne sert pas à grand-chose d’autre qu’évaluer la consommation de yaourts à la fraise d’une population donnée en fonction de si elle sourit aux gens dans la rue ou pas… Mais il le fait bien ! Et bien mieux que le MBTI. 

De plus, en représentant les traits de personnalité sur des spectres (plus ou moins extraverti, plus ou moins aimable…) plutôt qu’avec des dichotomies (extraverti/introverti, intuitif/sensitif…), le Big Five autorise une plus grande marge de manœuvre. Si vous modifiez une réponse dans un questionnaire MBTI alors que votre axe E/I était presque à 50/50, vous pouvez passer d’extraverti à introverti. Votre type aura un autre nom, ce qui sera perçu comme un changement important. Si vous modifiez une réponse dans un questionnaire Big Five dans les mêmes conditions, vous serez juste « un peu moins extraverti » et cela ne changera rien en apparence. 

Même s’il s’est passé exactement la même chose dans les deux cas, que vous êtes toujours la même personne quoi qu’il arrive, la notation finale influencera grandement la perception que vous avez de vous-même.

Devinez quoi : elle influence aussi les évaluations scientifiques ! De par sa présentation sous forme de dichotomies, le MBTI part avec un gros point noir, un manque de stabilité et de profondeur apparente qui le pénalise fortement…

Pour bien utiliser le modèle, il faut saisir que le nom de votre type (les 4 lettres visibles) représente votre zone de confort, et son ombre (les 4 lettres invisibles) votre zone de travail. Il faut saisir que quelque chose d’invisible est néanmoins pris en compte, et même important dans le modèle. Et ça, pour la plupart des gens, ce n’est pas intuitif. Ils sont très nombreux à percevoir le MBTI comme un modèle stérile, niant la possibilité d’avoir de nombreuses facettes, d’évoluer en tant qu’individu, d’utiliser des stratégies d’adaptations variées… Et on ne peut que les comprendre : c’est exactement ce à quoi ressemble le MBTI de prime abord ! Cerise sur le gâteau, la plupart des contremarques de tests MBTI en ligne ne font rien pour indiquer le contraire.

En somme, le MBTI essaye d’avoir l’air facile d’accès, pratique, rapide à la détente… Alors que son utilisation est difficile, requiert un long apprentissage théorique, beaucoup de pratique et un gros travail sur soi. Des contradictions révélées à la lumière de la science, qui le condamnent à rester sur la touche.

LA SCIENCE DOIT-ELLE VALIDER VOTRE CROISSANCE PERSONNELLE ?

Faut-il tirer un trait sur le MBTI en raison de son échec à convaincre la science ? Tout dépend de l’usage que vous souhaitez faire d’un modèle psychologique.

Si vous êtes un chercheur étudiant le lien entre la personnalité des gens et certains comportements (des habitudes de consommation, par exemple), le MBTI pourrait ne pas vous suffire. Vous auriez alors besoin d’invoquer d’autres modèles, comme le Big Five.

Si votre but est de mieux comprendre votre personnalité et celle des autres, de progresser en tant qu’individu, alors, devinez quoi : le fait qu’un modèle soit scientifiquement valide ou non n’a aucune importance !
Du moins, ce n’est pas le critère principal à considérer.

Prenons un exemple concret. Je ne crois pas en l’astrologie. J’entends par là : je ne crois pas que la position des astres dans le ciel au moment de ma naissance ait pu influencer significativement ma personnalité ou mon destin. Ainsi, de mon point de vue, les signes astrologiques sont des étiquettes apposées de façon arbitraire, et les symboles associés aux planètes me paraissent tout aussi hasardeux. Je pense que l’astrologie exploite l’effet Barnum pour nous amener à nous reconnaître un minimum dans notre signe ou notre thème astral (avec notre ascendant, notre Lune, etc.). Et ce, en ignorant le fait que d’autres configurations auraient sans doute été plus fidèles à notre cas. 

J’ai le poil qui se hérisse lorsqu’on compare le MBTI à l’astrologie, alors que le MBTI type les gens en fonction de leurs comportements observables (on part du réel et on l’interprète) et non en fonction d’un critère arbitraire, tel que leur date de naissance (on impose une interprétation et on essaye de faire rentrer le réel dedans, même s’il n’y correspond pas). A défaut d’être validé par la science, le MBTI s’inspire au moins d’une démarche scientifique.

Dans le cas présent, faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? M’est avis que non. J’ai rencontré plusieurs passionnés d’astrologie, pour qui la discipline avait été d’une aide précieuse. En analysant leur thème astral, ils avaient conscientisé des informations importantes et fait un bond immense dans leur cheminement personnel. Ils parvenaient à mieux comprendre diverses situations dans leur vie (familiales, professionnelles, amoureuses…), à mieux cerner les motivations profondes des autres et à être plus sereins, grâce à l’astrologie. Peut-être que ces bénéfices ne sont dus qu’à un effet Barnum carabiné : en attendant, ils existent. Les émotions que ces gens ont ressenties existent. Les déclics dans leur cerveau ont vraiment eu lieu.

En ce qui me concerne, avoir conscience du caractère non-scientifique de l’astrologie ne m’empêche pas d’étudier sa symbolique, vaste et profonde, de m’inspirer des « énergies » des différents signes, et de tirer de mon thème astral des éléments intéressants… L’astrologie est basée sur des patterns suffisamment universels pour être appliquée au quotidien d’un occidental en 2021 : n’est-ce pas fascinant ? Elle n’est qu’une grille de lecture du monde parmi d’autres, que chacun est libre de s’approprier. Et tant qu’elle n’est pas associée à des dérives sectaires, je ne vois pas en quoi ceci poserait le moindre problème.

Le MBTI vous apporte-t-il du positif ? C’est la première question que vous devriez vous poser. Si vous avez commencé à étudier le modèle et à l’appliquer dans votre quotidien, c’est à priori parce que vous lui avez reconnu une certaine utilité. Si le MBTI constitue un véritable soutien, a amélioré des aspects de votre vie, vous avez la preuve que son usage est pertinent. Est-il important qu’il fonctionne à l’échelle de la population, dès lors qu’il fonctionne pour vous, dans votre contexte personnel, tout en ne faisant de mal à personne ?

Qu’on se le dise : la science, c’est merveilleux, c’est vital, et on a toutes les raisons de la chérir. Je suis bien contente (et vous aussi, certainement) qu’elle soit là pour nous construire des ordinateurs, inventer des remèdes contre les maladies, générer, stocker et transporter de l’électricité… Il y a des domaines où il me paraît nécessaire de placer la science au cœur des procédés : vous n’avez pas envie que l’ingénieur qui conçoit votre future voiture torche ça au pifomètre, ni moi, ni personne ! Je suis la première à m’énerver devant l’ingratitude de certains vis-à-vis du génie scientifique et tout ce qu’il a pu nous apporter. Cependant, il me paraît légitime de se demander jusqu’où l’on permet à la science de s’immiscer dans nos vies…

La science doit-t-elle valider tout ce que vous faites ? Devez-vous renoncer à d’autres façons d’interpréter les choses, dès lors que la science a émis un avis dessus ? Avez-vous besoin d’une méta-étude pour constater que cette édition augmentée des Fables de La Fontaine qui traîne dans votre grenier fait un excellent cale-porte ? Demandez-vous l’avis de la science pour choisir la couleur de votre papier peint ? (D’accord, ça, ça m’est déjà arrivé de le faire, mais c’était parfaitement dispensable…)

Il y a une différence entre consulter la science avant de prendre vos décisions, et laissez la science prendre toutes les décisions à votre place. Ce n’est pas un mal en soi de considérer la science comme le gouvernail de son existence : certaines personnes s’en remettent au consensus scientifique chaque fois que c’est possible, et sont très satisfaites de ce choix. Est-ce votre cas ? Pensez-vous qu’abandonner le MBTI en raison de son invalidité scientifique vous apporterait plus de bénéfices (en rassurant une part de vous ayant besoin d’une certaine validation extérieure, par exemple) que de pertes ?

A mon sens, les réactions de défiance au prétexte que le MBTI n’est pas scientifiquement approuvé traduisent un certain rapport à la science. Un rapport qu’il pourrait être enrichissant pour vous de questionner. Quelle place doit prendre la science dans votre appréciation du MBTI ? D’une manière plus générale, à quel point la science devrait-elle faire autorité dans votre parcours individuel ? Vous seul pouvez répondre à cette interrogation.

J’ai conscience que cet article vous laisse avec plus de questions que de réponses… Toutefois, cette problématique me paraît relever bien plus du domaine du subjectif, de notre rapport personnel à la science en tant qu’instance, que du domaine des études et des statistiques.

La Chouette

des questions ?

La Chouette répond à vos commentaires pendant 1 semaine.

ALLER PLUS LOIN :

  • Nos réponses à la question “Le MBTI est-il une croyance ?
    dans la FAQ de l’émission Ni vu Ni connu (à 1h19) :

Les références scientifiques citées dans l’émission sont disponibles sur cette page (question n° 25)

  • Un article spécial débutants (+ un test) pour approfondir votre usage et votre perception du modèle MBTI, avec les fonctions cognitives

8 réflexions sur “MBTI ET VALIDITÉ SCIENTIFIQUE”

  1. Toujours vouloir classer des gens dans des cases et penser expliquer la complexité de l’esprit d’un individu, ses réflexions, actions et pensés en 16 types distincts est juste complètement idiot.
    Arrêtez de vouloir rentrer dans une case, vous ne ressemblez qu’à vous même et c’est sans doute très bien comme ça !

  2. Le problème du MBTI n’est pas qu’il “n’est pas validé” par la science. C’est qu’il a été invalidé par la science. La nuance est de taille et il m’est difficile de prendre au sérieux un article qui ne la prend pas en compte.

  3. INTJ, je me suis amusé ces dernières années à explorer la théorie MBIT avec mon cercle d’amis : le résultat était étonnant car il corrélait parfaitement avec les métiers préconisés et même le plus souvent avec le titre. Une amie, juriste est du type INFJ: l’Avocat. Un autre ami, qui a longtemps travaillé à des fonctions officielles dans des ambassades est de type Consul, ESFJ.
    Moi-même suis architecte logiciel, comme beaucoup de INTJ de ma connaissance, ce qui est conforme aux prévisions du modèle.
    Si le MBTI est peu utilisé en France, c’est en raison d’un anti-américanisme primaire. Les tests à la sauce française sont très peu fiables en comparaison.
    Bravo pour votre site, le contenu est très pertinent.

  4. J’utilise le MBTI pour parler de la personnalité des gens avec une grille de lecture qui permet de mettre le doigt sur les éléments pertinents.
    Parce qu’une discussion lambda sur la personnalité des gens, ça peut ressembler à ça : “-il est hyper extraverti, il parle tout le temps. – non je pense plutôt qu’il est introverti, il ne parle jamais de ses ressentis”. “-Elle est très sensible. -non c’est faux, elle est hyper centrée sur elle même”.
    Les gens emploient les mêmes mots pour renvoyer à des réalités différentes et donc ne se comprennent pas vraiment entre eux. Et en plus, ça reste très superficiel. Utiliser le MBTI comme grille de lecture, même si ce n’est pas parfait, permet au moins de savoir de quoi on parle et de se comprendre avec une personne qui utilise la même grille de lecture. C’est aussi un peu plus profond.

    Mais en vrai, l’astrologie peut remplir exactement la même fonction. Les archétypes qu’elle utilise fonctionnent bien, ils mettent en lumière des traits qui existent effectivement chez les vrais gens. Il faut juste oublier cette histoire de les associer à une date de naissance.

  5. Lambert Quentin

    Perso j’ai vraiment du mal avec le Big five que je trouve limité. Le MBTI est encore un peu en avance sur notre temps et un peu complexe par rapport au monde du travail qui cherche du simple et efficace. Il aura son heure de gloire dans 50 ans (peut être)

  6. Article très intéressant comme toujours !
    Après avoir déprimé des nuits entières sur le gâchis que cela représentait de ne pas se servir du MBTI, j’avais finis par mettre le label “gros con” sur tous ceux qui me sortaient l’argument comme quoi ce n’est pas validé par la science donc ça ne sert à rien (et dans mon infinie rationalité de Ti-dom il m’en a fallu du temps pour revoir ma vision, ah ça !) Aujourd’hui je me contente de dire si ça te sert tu prends sinon bah tant pis. Cet article exprime avec plus de justesse (et surtout plus de diplomatie) ma position par rapport au sujet donc j’enverrai directement le lien aux futurs détracteurs que je croiserai ~.~
    Bien à vous chère chouette !

  7. J’ai l’impression de voir de la pensée extravertie dans l’argumentation à la fin :

    “Franchement, ça marche, non? c’est utile! vous vous comprenez mieux! alors pourquoi se poser tant de question? continuez!”

    Mais ça a peut-être simplement retenu mon attention car je te sais INTJ (l’explication de la différence perçue de fiabilité avec le Big Five me paraît être dans une veine plus Ti, je me trompe? Les autres arguments me paraissent neutres)

    1. La Chouette

      Bonjour Champi,

      En effet, j’ai un point de vue très Te sur la question : l’important, c’est le résultat. 😉 Après, s’il y a des gens que ça dérange, par principe, d’utiliser un truc non-validé par la science, ils sont libres de choisir leurs outils.

      Pour le reste, je ne sais pas si c’est du “Ti”… Mais ce n’est pas impossible, étant donné que Ni-Te produit souvent des réflexions ressemblant à Ti. (Bien que le processus soit différent, la conclusion est similaire.)

      La Chouette

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les commentaires sont soumis à modération 

POUR NE RIEN MANQUER

Des actualités et des messages
pour mieux comprendre votre personnalité.

Astrologie, MBTI, Carl Jung,
et bien d’autres choses au programme !