« Comment faire pour développer les traits bénéfiques qui nous manquent (les qualités d’un J si on est P, de N si on est S etc.) ?
Merci pour votre travail excellent au passage. »
C’est l’une des (nombreuses) suggestions de sujets proposés par les abonné.e.s aux emails de PsychoPersonnalité (au passage, merci pour les remerciements qui font toujours plaisir 🙂 )
Et si on demandait son avis à une invitée que vous connaissez bien à présent : La Chouette, du blog L’Antre de la Chouette.
Bonne lecture !
Fabienne
p.s. : le prochain article répondra aussi à l’une des questions reçues lors du sondage…
Ces dernières années, j’ai eu beaucoup de demandes de conseils pour développer ses fonctions tertiaire et inférieure. Plus généralement, des astuces pour équilibrer son profil psychologique, explorer les parts de soi les moins conscientes et fonctionnelles…
Après avoir passé un bon moment à répéter les mêmes éléments de page Facebook en commentaire de blog, je constate que cette problématique préoccupe toujours nombre d’internautes. (A raison, c’est un travail de longue haleine !) Voici donc un récapitulatif de mes opinions à ce sujet.
Lorsqu’on découvre son type MBTI, on peut être tenté de s’entourer de gens similaires à soi, afin de se sentir compris. (Parfois, pour la première fois de sa vie !) Se calfeutrer dans un cercle social qui nous ressemble est assurément confortable et sécurisant. Vous savez quoi ? Vous avez parfaitement raison de chercher vos semblables éparpillés dans ce monde, en vue de former un groupe soudé. Je pense que se lier à des gens sur la même longueur d’onde que soi est essentiel au bonheur. Néanmoins, vous pourrez difficilement développer vos fonctions inférieures en n’acceptant que des jumeaux typologiques dans votre entourage.
Quand il est question d’équilibrage cognitif, vos enseignants les plus avisés sont… les individus possédant votre fonction tertiaire ou inférieure en position dominante ou auxiliaire ! Oui, exactement, ceux que vous fuyez en courant la plupart du temps. Les parts de vous auxquelles vous peinez à accéder s’expriment sans effort notable chez eux. (Peut-être trop à votre goût…) Autrement dit, il n’y a pas de meilleur modèle qu’eux pour en apprendre un rayon sur la fonction que vous souhaitez mieux conscientiser.
Si vous en avez la possibilité, vous pouvez vous immerger un moment dans un environnement fréquenté massivement par des profils opposés au vôtre. Par exemple, si vous êtes un intello N déconnecté de votre corps, inscrivez-vous à un club de sport. Vous aurez de bonnes chances de rencontrer des profils S, bien plus conscients de cette dimension. Dans leur manière de vous enseigner une discipline, de décrire les exercices ou de commenter vos mouvements, les types S vous donneront accès à une manière de voir le monde que vous n’auriez pas envisagé en vous entraînant seul (ou avec exclusivement des types N).
Solution moins aventureuse : vous rendre sur Internet. Arpentez YouTube, à la recherche de vidéastes dont la fonction dominante (opposée à la vôtre, bien sûr) ressort beaucoup dans leurs contenus. Vous êtes un ISFJ ou ISTJ ? Allez voir ce que fabriquent les producteurs de contenus avec une forte intuition extravertie (Ne), étudiez leur mode de communication et leur humour… Au lieu de fuir le chaos abstrait qu’ils ne peuvent s’empêcher de provoquer, plongez dedans et tentez d’en comprendre les tenants et aboutissants. Si vous êtes un type T, écoutez des documentaires sur des milieux militants, souvent très chargés en énergie F, et interrogez-vous sur la place de vos propres valeurs dans vos décisions. Je pourrais donner des exemples à l’infini, mais je pense que vous avez compris l’idée.
Vouloir évoluer et équilibrer ses fonctions cognitives, c’est très bien. En revanche, attention à ne pas en faire trop ! Bien que cela puisse être séduisant dans le feu de l’action, ne tombez pas dans une surexploitation de vos fonctions tertiaire ou inférieure. Non seulement vous ne progresserez pas plus vite ainsi, mais en plus, cela pourra vous porter préjudice. Vous allez finir complètement épuisé en peu de temps. Pire, vous risquez d’être dégoûté par l’exercice et de perdre votre motivation.
Certains individus sont si désireux de progresser qu’ils sur-mobilisent artificiellement leurs fonctions faibles, afin de se convaincre d’avoir atteint le parfait équilibre avec elles. Un exemple caricatural : un ESTP ou ESFP s’improvisant guide spirituel en vue d’exhiber la puissance de son intuition introvertie (Ni), décidément vraiment très consciente et omniprésente dans son quotidien. (Tellement qu’il publie chaque jour des photos de lui en position du lotus sur Instagram et attend les likes avec impatience.) Cependant, ce mode de vie ne dure point éternellement : un jour, on ne peut plus tenir le rythme et l’illusion se brise.
Je sais de quoi je parle, puisque j’ai déjà connu tous ces travers. A une époque, j’ai voulu « défier » ma fonction inférieure, la sensation extravertie (Se), en imposant trop d’efforts à mon corps. J’allais m’entraîner jusqu’à 4 heures par semaine dans un dojo très bruyant, où je m’obstinais à la tâche jusqu’à littéralement tomber d’épuisement.
Résultat : au bout de quelques années à ce régime, mon corps n’a plus été capable de suivre le rythme. Me rendre à la salle est devenu désagréable, frustrant, et je n’avais plus assez d’énergie pour réaliser le tiers de ce que je faisais avant. Je me sentais nulle… alors que j’avais simplement toujours placé la barre trop haut ! Si j’avais été plus raisonnable, j’aurais augmenté l’intensité de l’effort au fil des séances. En s’adaptant progressivement, mon corps n’aurait pas subi un contrecoup aussi violent. De même, j’ai rencontré plusieurs personnes dans un état de fatigue avancé, après une immersion trop longue ou trop brutale dans des milieux remplis de profils opposés.
Vous n’êtes pas une machine. J’entends par là que votre degré de maturité ne dépend pas seulement d’efforts quantifiables. Vous n’allez pas « monter de niveau » comme un Pokémon après avoir appliqué à la lettre une liste d’astuces trouvée sur Internet. Vous avez besoin de temps et d’expérience. Pas seulement les expériences que vous irez chercher par vous-même, dans un désir de progression… mais aussi et surtout, celles qui vous tomberont dessus par hasard. Vous ne pouvez pas compenser ce besoin de prendre le temps, de faire des erreurs et de vous accorder du repos, par votre proactivité ardente. Et ce n’est pas grave !
Eh oui, je termine par un adage de vieux Ni-dom barbu au sommet d’une montagne. Il n’empêche que derrière son apparence pseudo-mystique, cette approche apporte un début de réponse à la question suivante : « Mais du coup La Chouette, si on doit se faire violence mais pas trop, qu’est-ce qu’il faut faire à la fin ? C’est quoi le juste milieu ? ». Je vais vous expliquer cela plus clairement, en commençant par une anecdote personnelle.
Je possède un potager. (C’est mon investissement Se de l’année : pour des raisons exclusivement égotiques, je tiens à mentionner cette information partout où cela a un semblant de pertinence.) En tant qu’INTJ, je manque de motivation quand il s’agit de m’impliquer dans des actions concrètes, d’autant plus si elles sont éreintantes et salissantes. Dans le cas présent, travailler la terre, arroser mes plantations, désherber l’armée de bébés chênes qui tente chaque jour d’envahir ma parcelle, et diverses autres tâches impliquant de la bouillasse et des arthropodes… Néanmoins, j’ai trouvé l’énergie de le faire, car ma culture potagère s’inscrit dans une vision globale inspirant mon duo de fonction motrices, l’intuition introvertie (Ni) et la pensée extravertie (Te).
En effet, je ne me contente pas de faire pousser des potirons : non, voyez-vous, je pratique la permaculture ! La permaculture n’est pas qu’un ensemble de techniques : c’est aussi une réflexion philosophique sur notre rapport au Vivant. Elle implique d’observer des systèmes écologiques, de se projeter dans l’avenir et les cycles des saisons, d’étudier les relations entre bioagresseurs et prédateurs, d’ajuster ingénieusement l’environnement selon les résultats escomptés… (Par exemple, poser des nichoirs à mésanges à des endroits stratégiques pour lutter contre la prolifération de chenilles.) Bref, de quoi satisfaire Ni-Te. Avec un tel contexte autour, mes légumes méritent subitement de l’attention. L’entretien de mon potager n’est plus une série de tâches fatigantes, mais un investissement complet de ma personne, sur le plan mental, émotionnel et physique.
Vous avez peut-être saisi où je voulais en venir. Vos fonctions tertiaire et inférieure, par nature, vous sont difficiles d’accès et vous épuisent rapidement. Peu importe à quel point vous faites des efforts pour sortir de votre zone de confort, ce rapport ne changera pas. (Tout du moins, pas avant de nombreuses années de vie.) Certes, vous serez parfois en mesure de mobiliser votre fonction tertiaire ou inférieure, mais la plupart du temps, vous serez peu disposé à vous y connecter pleinement. Il faudra trouver un autre chemin pour activer ces fonctions. Pour ce faire, passer à travers vos fonctions préférées – votre dominante et votre auxiliaire – est une bonne solution.
Chaque fois que vous êtes confronté à une activité mobilisant vos fonctions faibles, demandez-vous en quoi cette activité pourrait intéresser vos fonctions fortes, comment celles-ci pourraient s’investir dedans… Les fonctions marchent toujours par paire, comme les deux facettes d’une même pièce : dès lors que vous activez l’une de ces facettes, l’autre suit. Ainsi, vous pouvez compenser le manque d’attrait ou d’endurance vis-à-vis de vos fonctions inférieures en les « charriant » à l’aide d’une fonction plus solide. Ainsi, le travail ressemblera moins à une corvée. Vous serez plus enclin à le poursuivre jour après jour, permettant à la fonction de s’établir progressivement (mais bien solidement !) dans votre vie.
Cela vaut pour n’importe quel axe de fonctions. Par exemple, si en tant que type T, il vous est difficile de vous intéresser aux situations invoquant le F, vous pouvez réfléchir aux bénéfices pratiques accordés par le développement de votre F. En apprenant à considérer davantage les valeurs d’autrui, vous allez éviter des conflits, ainsi que la perte de temps et d’énergie qui va avec. En écoutant mieux vos propres ressentis, vous serez en meilleure santé mentale et plus efficace lors des sessions de travail. A l’inverse, si vous êtes un type F, le développement de votre fonction T permettrait de mieux réaliser vos aspirations et incarner vos valeurs, en devenant plus attentif à la cohérence et à l’efficacité de vos méthodes.
Il n’est pas évident de trouver un équilibre entre « faire des efforts pour sortir de sa zone de confort » et « s’imposer trop d’efforts ». En fait, je dirais que le plus gros travail d’équilibrage n’est pas dans les fonctions en soi, mais dans votre manière d’appréhender votre développement personnel en général. Avant d’apprendre à mieux utiliser vos fonctions inférieures, vous devez apprendre à connaître vos besoins et à cerner vos limites.
Partir en quête de la meilleure version de soi est un projet tout à fait honorable. Le monde irait sans doute bien mieux si plus de gens aspiraient à cela ! Mais attention à ne pas vous focaliser entièrement sur l’avenir, et sur une vision idéale qui vous y attendrait, comme s’il n’y avait aucun rapport entre elle et vous. Concentrez-vous également sur qui vous êtes maintenant : après tout, c’est dans ce terreau que votre futur « vous » est en train de se développer. Rien ne pourra s’y épanouir s’il est délaissé ou accablé par un traitement inadapté.
Certes, vous êtes imparfait, votre personnalité comporte des déséquilibres qu’il est tentant de vouloir corriger. Toutefois, gardez en tête que vous êtes aussi doté de qualités. Elles sont capables non seulement de compenser vos faiblesses, mais aussi de vous donner un accès aux parts de vous les plus enfouies. Votre futur « vous » n’est pas une chimère inaccessible : il est déjà là, au cœur de ce que vous manifestez chaque jour. Il s’agit d’apprendre à le discerner et à le laisser occuper de plus en plus d’espace.
La Chouette
La Chouette répond à vos questions pendant 1 semaine.
Les commentaires sont soumis à modération
POUR NE RIEN MANQUER
Des actualités et des messages
pour mieux comprendre votre personnalité.
Astrologie, MBTI, Carl Jung,
et bien d’autres choses au programme !
1 réflexion sur “2 ASTUCES POUR ÉQUILIBRER VOTRE TYPE MBTI”
Merci pour cet article, c’est clair et vos conseils sont très pertinents ! Je me réjouis d’avoir trois soeurs SJ, dont deux SFJ, pour me gronder quand je décide d’oublier Si ou Fe… Avantage pour les NTP, c’est pas très compliqué de trouver quelqu’un qui maîtrise nos fonctions inférieures. Et je plains les SP, du coup.
(Hm, est-ce que vous déclinez toute responsabilité si des NT voulant mettre en pratique l’astuce numéro 2 capturent des F pour analyser la manifestation de leur Fi/Fe dans diverses situations ? :p)