Comme nous l’avons vu dans la partie précédente, si nos types opposés sont souvent une source de colère, de peur ou d’ennui, ils sont aussi nos meilleurs enseignants. Aucun type du MBTI ne pourrait trouver son équilibre sans la présence des autres, en particulier ceux qui s’éloignent le plus de son fonctionnement.
Un monde où il n’y aurait que des types ISTP, INTP, ISFP et INFP valorisait fortement le développement individuel. Il essaierait de donner à chacun la possibilité de révéler un maximum son potentiel. La société serait peuplée d’individus cultivant leur unicité, souvent créatifs, proposant de nombreuses idées originales. Malheureusement, sans aucun contrepoids, cette reconnaissance de la diversité des profils finirait sans doute par virer à l’égocentrisme. Chacun se positionnerait dans son coin, en exigeant que l’autre s’intéresse spontanément à sa façon de voir les choses et fasse des efforts pour le comprendre en profondeur. Ce que tout le monde n’a pas le temps ni l’énergie de faire, encore moins en étant introverti ! Le manque de Te et de Fe conduirait les citoyens à s’épuiser peu à peu, et à ressentir le besoin de simplifier les échanges avec des règles communes, une structure englobante ou des valeurs universelles (quitte à s’amputer d’une part de son authenticité).
De l’autre côté, la situation ne serait guère plus réjouissante. Dans un monde d’ESTJ, ENTJ, ESFJ et ENFJ, il n’y aurait au contraire presque plus de place l’exploration et l’expression de l’unicité. La société serait bien organisée et s’appuierait sur de grandes structures faisant autorité. Comme tout fonctionnerait selon des principes plus ou moins généraux, une certaine unité sociale serait maintenue. Il n’y aurait pas ou peu de grosses divergences d’opinion, ce qui éviterait de perdre du temps avec moult conflits sur le non-respect des goûts d’Untel. La communication serait fluide, étant donné que chacun serait habitué à partager ce qu’il a en tête sous une forme comprise par tous. En contrepartie, la population souffrirait d’un énorme manque d’introspection. Un sentiment profond de perte de sens envahirait progressivement les esprits, jusqu’à provoquer une crise existentielle généralisée.
Quel que soit votre type MBTI, je vous invite à chercher dans vos profils opposés les parts de vous que vous avez l’habitude d’enfouir et de rejeter. En apprenant à les estimer chez les autres, vous serez de plus en plus en mesure d’accéder à ces ressources en vous. L’opération n’est pas de tout repos, mais certainement enrichissante !
La Chouette
7 réflexions sur “MBTI : LE CAUCHEMAR DES 16 TYPES DE PERSONNALITÉ – Partie 2”
Bonjour,
Le cauchemar des 16 types… finalement vous citez les autres types. Cela oppose les gens au lieu de les lier, non? Bon cela va dans le sens de “L’enfer c’est les autres” mais je trouve cela assez négatif. C’est probablement révélateur de mon type :-)))
Bonjour la Chouette !
J’ai dévoré presque tous vos articles de “l’Antre de la chouette”, me voilà désormais ici. Votre blog est vraiment bien fait, je n’ai pas trouvé d’articles aussi clairs et complets en français.
Cet article m’a beaucoup parlé, et a balayé mes quelques doutes entre INFP et INTP : je ne suis pas Fi-dom, clairement (enfin, balayé… je reste une P !). J’ai reconnu beaucoup de tensions avec ma soeur Fe-dom dans l’opposition Ti n’aime pas les débordements émotionnels ni parler de lui/Fe besoin de savoir comment se sentent les autres et d’exprimer ses propres émotions. Merci, sincèrement, je pense que ça nous aidera toutes les deux à mieux nous comprendre.
J’ai quelques questions totalement hors-sujet, je me permets de les poser ici au cas où vous auriez du temps à perdre (désolée d’avance si elles sont trop “froides”…) :
1) Peut-on être Asperger et extraverti ? (Si oui, ça doit être une grosse galère…)
2) Dans le même sujet, il me semble qu’il est possible d’être par exemple Asperger et INFJ ; si on est Asperger et bon utilisateur du sentiment extraverti, est-ce que ça aide à communiquer avec les autres, ou est-ce qu’au contraire on se retrouve tiraillé entre des difficultés de communication, et un besoin de comprendre les autres et d’être en phase avec eux ?
3) J’ai vu sur un forum MBTI qu’en France il y avait autant de N que de S. Je sais que nous sommes assez portés sur la théorie, mais cette proportion m’a pas mal surprise… Est-ce vraiment 50/50 ou plutôt du 70/30 comme je l’ai vu ailleurs pour la France ?
4) Un SJ adolescent peut-il vouloir transgresser les règles/normes/traditions que Si devrait l’amener à perpétrer, ou se distingue-t-il justement des non-SJ par le fait que, même à l’adolescence, il reste fidèle à Si ? (Je me pose particulièrement la question pour les ESxJ qui conscientisent justement Si à l’adolescence, si j’ai bien compris.)
5) Peut-on d’ailleurs conscientiser ses fonctions dans un ordre étrange ? (La troisième avant la deuxième, ou la troisième à l’adolescence, par exemple.)
6) Tant qu’on parle d’adolescence, y a-t-il des types plus propices à la crise d’adolescence que d’autres ? (J’avais pensé aux ExFP, mais j’associe peut-être trop crise d’ado/crise identitaire à Fi.)
Désolée pour cette avalanche de questions, et encore merci pour vos articles si complets !
Bonjour Petit Escargot ! (Ce pseudo est trop mignon)
Je réponds à tes questions 🙂
1) & 2) : On peut être autiste avec n’importe quel type MBTI, même si la fiction montre surtout des archétypes d’autistes INTx. Je connais personnellement une autiste ENFJ et une autiste ESFP : tout est possible ! Et bien sûr, en fonction du type, cela amène des problématiques différentes. Par exemple, un autiste extraverti peut être super frustré de ne pas réussir à nouer/conserver des liens sociaux épanouissants.
L’autisme + Fe, de ce que j’ai vu, ça donne souvent quelqu’un qui va énormément se renseigner sur le fonctionnement des gens et créer un masque social adaptatif très fort, pour correspondre aux attentes. Mais du coup, ça donne aussi des effondrements et crises identitaires des années plus tard, à cause de la fatigue accumulée et de la place prise par la persona sociale.
3) Je prends toujours les statistiques avec des pincettes, compte-tenu des biais d’échantillonnage dans les rares études faites sur la répartition des types MBTI. En France, il est vrai qu’on valorise beaucoup les formes d’apprentissage N (par ex les cours ultra-théoriques dans une jolie fac : même si ça te convient pas du tout, tu dois faire ça pour être vu comme quelqu’un qui réussit. Les filières pro, les études courtes, c’est globalement perçu comme échec social). Après, est-ce que ça veut dire qu’on produit plus de personnes N, ou qu’on produit plein de S qui sur-mobilisent leur fonction N – même si ça les épuise et les empêche de réaliser leur potentiel ? Je ne saurais dire.
En tout cas, je trouve que cette valorisation du N est superficielle, pompeuse : pour avoir fait des longues études universitaires, dans des filières de disant “pro” (mais qui étaient pour la plupart 70 % de théorie), dans l’ensemble c’était bien plus “Lisez mes travaux et recrachez ça par coeur aux examens” que de l’approfondissement théorique enrichissant. J’avais plus l’impression de voir un esprit Si qui se disait “le N c’est prestigieux, il faut montrer qu’on est trop N”, que du vrai N. Même si j’avais beaucoup de profs N, effectivement, l’autorité et la structure derrière n’avait rien de N. (Cela dit, j’ai aussi vu dans certains amphis de l’authentique esprit N dans tout son complexe de supériorité !)
4) Le paradoxe des adolescents est qu’ils veulent absolument se démarquer, tout en se recopiant les uns les autres. Du coup, je présume qu’un adolescent SJ décalera juste son Si sur les traditions de son groupe d’ados (il faut faire comme tout le monde de mon âge, parce que c’est cool de transgresser les règles, c’est comme ça qu’on appartient au groupe). C’est en tout cas de cette manière que je l’ai perçu, à l’époque.
5) Je pense que c’est possible de percevoir une de ses fonctions à n’importe quel âge, puisque de toute façon, elles se manifestent toutes dès le début. Après, plus on vieillit et moins cela paraît difficile et énergivore de se concentrer sur les fonctions du bas. (Si tant est qu’on travaille sur soi au fil du temps.)
6) Je ne sais pas. Je pense qu’il y a beaucoup de facteurs qui jouent dans cette crise : par exemple, certains psys pensent que plus l’enfant était fusionnel avec ses parents, plus la crise sera violente (car le besoin de se séparer d’eux sera plus fort). Donc, le type MBTI joue peut-être, mais ce n’est pas forcément le facteur le plus déterminant.
De rien pour les articles 😉 Bonne continuation !
La Chouette
Bonjour ! Oui, je crois que je me suis pas mal laissée influencer par la représentation majoritaire de l’autisme…
J’ai aussi l’impression que cette valorisation du N est assez “artificielle. Je suis en prépa mathématiques, la plupart de mes camarades vont faire des études d’ingénieur derrière, et j’ai l’impression qu’il y a un énorme décalage entre ce qu’on nous enseigne, qui reste très théorique, et ce que beaucoup d’entre nous feront derrière (je ne m’en plains pas, je vis pour les maths, mais j’ai l’impression qu’on nous forme tous à la recherche…).
Merci beaucoup pour vos réponses !
Hello la Chouette et merci pour ces deux articles 🙂
Je m’attendais (en tant qu’INFP) à voir quelque chose comme « un monde trop organisé vous rend fou », mais il est vrai que le côté « conformiste » est quelque chose qui relève encore plus du cauchemar pour moi. Bien vu!
En lisant la conclusion, il me vient tout de même une question: puisque les certains types sont courants et d’autres rares, cela ne forme-t-il pas un certain déséquilibre dans la balance qui « handicape » les minoritaires ?
La réponse me paraît être oui, sinon nous ne serions pas qualifiés d’atypiques. En bon Fi-dom, j’ai donc bien la sensation que mon : « tous les problèmes viennent de là » est quand même assez justifié 🙂
À moins que certains types se doivent d’être minoritaire, sans quoi la société ne marcherait pas?
Le concept même de société pourrait-il exister si les actuels majoritaires ne l’étaient plus ?
Autre question un peu moins en rapport: existe-t-il une raison autre que biologique qui détermine le type mbti? Je me demandais si comme pour l’enneagramme, il était lié à un vécu ou non.
Et de même, y a-t-il une notion d’hérédité là-dedans ? On entend souvent des phrases comme: ah, il tient ce caractère de son grand-père, et je me demandais s’il y avait une corrélation possible avec le mbti.
S’il y a un article ou un lien vers une idée de réponse, je suis preneur 🙂
Merci encore pour ton travail!
Bonjour Lucas !
Je n’ai pas de réponse absolue à tes questions, juste des hypothèses. Je pense qu’il y a certainement des types qui doivent être plus nombreux que d’autres pour qu’une société fonctionne. (Par exemple : a-t-on vraiment besoin d’une armée de N pour avoir des illuminations assis dans leur chambre, et compter sur les autres pour concrétiser ?)
Après, dire cela part du présupposé que la répartition des types est à peu près la même partout, et on manque de statistiques sérieuses pour le confirmer.
Pour le caractère inné ou acquis du MBTI, la théorie officielle (ce qu’on enseigne en formation) dit que c’est inné. Après, tout le monde n’est pas d’accord avec ça : beaucoup pensent que c’est un mélange de pré-dispositions et d’acquis, avec une fonction dominante qui va se fixer dans les premières années de la vie.
Niveau hérédité, comme souvent, on manque de donnée. Personnellement, je n’ai pas observé de corrélation entre les types des parents et ceux des enfants en menant l’enquête autour de moi, ça semble complètement aléatoire.
Par contre, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de transmissions de traits de personnalité ou de tempéraments, sans parler des principes inculqués via l’éducation… Parce que le type MBTI ne détermine pas tout. (Le fait d’être nerveux, timide, colérique, d’avoir certaines valeurs, etc, peut se retrouver dans n’importe quel type MBTI.) Un parent et son enfant avec le même terrain anxieux peuvent beaucoup se ressembler à travers leurs comportements, tout en ayant des types MBTI très éloignés…
La Chouette
Merci pour ta réponse 🙂
En effet, le manque de données est regrettable. Mais c’est déjà pas mal d’avoir des pistes !
J’ai du mal à concevoir que la socialisation ne joue pas un rôle dans la construction des personnes, mais je me demandais si le type MBTI n’était pas un phénomène de l’ordre du biologique (ce n’est sans doute pas le bon mot, mais l’idée y est).
Genre si l’on décortique avec précision des cerveaux, trouvera-t-on des similitudes chez plusieurs individus d’un même type ?
Les types intuitifs sont-ils le résultat d’un gêne mutant comme la rousseur ou autre caractéristique rare ?
La question est vaste est passionnante, mais aussi un peu frustrante 🙂