Pour cette partie, nous allons changer de registre. Ce qui va suivre concerne les gens dont l’impression d’avoir plusieurs types MBTI s’accompagne d’une certaine détresse. Par exemple, si vous vous sentez parfois dépossédé de vous-même, car quelqu’un d’autre semble prendre votre place… Il existe des troubles psychiatriques pouvant entraîner la cohabitation de plusieurs entités conscientes dans le même corps. Il s’agit principalement du trouble dissociatif de l’identité (TDI).
Le TDI apparaît dans l’enfance, suite à des traumatismes. Comme tous les troubles dissociatifs, il est susceptible de rester quasi-invisible durant une partie de la vie et de ressurgir à l’âge adulte. Il est souvent dû à de la maltraitance, mais peut germer dans d’autres contextes, comme des hospitalisations répétées, un accident grave ou un deuil (en particulier lorsque l’enfant n’a pas été assez soutenu psychologiquement pendant ou après ces épisodes difficiles).
En conséquence, au lieu de s’unir en une identité cohésive, la conscience de l’enfant se développe sous la forme de plusieurs fragments. Chaque fragment est doté de sa propre personnalité, et donc son propre type MBTI. (Bien qu’ils puissent avoir tous le même !). Les différentes identités alternent leur place au contrôle du corps afin de remplir leurs tâches respectives, permettant au sujet de rester fonctionnel malgré les blessures. Il ne s’agit pas ici de masques sociaux ou de différentes facettes du « Moi », mais bien d’une rupture dans le sens du « Moi » : les autres sont perçus comme des individus différents.
En plus de cette disposition, le sujet vit de forts symptômes dissociatifs, comme des « absences » régulières, des difficultés à se connecter au corps et aux émotions, une sensation de s’observer à la troisième personne et de ne pas reconnaître certains comportements et pensées comme étant « à lui » (et de fait, il n’a pas les mêmes opinions, n’aurait jamais dit ou fait cela lui-même)… On retrouve aussi des amnésies. Par exemple, des trous de mémoire fréquents, l’oubli d’informations personnelles ou d’éléments autobiographiques importants.
Paradoxalement, la plupart des patients doutent fortement d’avoir ce trouble, car la dissociation leur donne l’impression d’exagérer leurs symptômes, voire de tout inventer. Ainsi, bien que le TDI soit assez répandu (1 à 3 % de la population), il est largement sous-diagnostiqué. Ses symptômes sont pourtant invalidants et nécessitent une prise en charge, généralement une psychothérapie associée à de l’EMDR. Après une période d’accompagnement et de travail sur soi, il est parfaitement possible de mener une vie heureuse avec un TDI.
Note : il existe un trouble ressemblant au TDI, nommé l’ATDS (Autre trouble dissociatif spécifié). Ce diagnostic est posé quand le patient a des symptômes proches du TDI, mais ne remplit pas tous les critères. Par exemple, il n’a pas ou peu d’amnésies, ou bien la sensation de rupture dans le sens du « Moi » entre les différentes identités n’est pas aussi forte que dans un TDI.
De nombreux autres troubles peuvent impliquer des changements de comportements anormaux par leur fréquence et/ou leur intensité, des difficultés à cerner son identité ou une sensation d’être plusieurs dans sa tête. Par exemple, le trouble borderline, le trouble bipolaire, la schizophrénie… Toutefois, ce blog n’est pas un site médical. Ni moi ni Fabienne n’avons les qualifications pour parler en détail de ces pathologies, et encore moins pour vous dire ce que vous avez.
Si vos expériences rendent votre quotidien difficile, je vous conseille de consulter un psychologue ou un psychiatre. Avoir un trouble psy n’est pas une honte, ni un tabou. (Cela arrive à plein de gens !) A partir du moment où vous souffrez de votre état, il est important de comprendre ce qu’il vous arrive et de mettre en place des solutions adaptées.
6 réflexions sur “J’AI L’IMPRESSION D’AVOIR PLUSIEURS TYPES DE PERSONNALITÉ”
Merci pour cet article très chouette ! 😉
Si je résume :
Est-ce que cet article signifie qu’on a qu’un seul type MBTI (hors TDI) ?
Son expression peut varier, on peut galérer à l’identifier, mais au fond il n’y en a qu’un seul ?
C’est sur ce point que j’ai besoin d’une confirmation :
Je pense à certains amis qui tombent autour de 50% sur un axe sur certains tests en ligne. Certes les tests en ligne ne sont pas top, mais est-ce que ça veut dire qu’il sont d’un côté ou de l’autre ? Ou qu’ils n’ont pas de préférence ?
Exemple :
Une amie tombe entre INTP et INFP, donc environ 50% sur l’axe F-T. Effectivement c’est les types que la Chouette mentionne.
En terme de lettres c’est pas aberrant, mais en terme de fonctions cognitives, c’est plus difficile d’imaginer quelqu’un osciller entre les deux :
INTP = TiNeSiFe
INFP = FiNeSiTe
Beaucoup des INFP que je connais ont du mal à s’exprimer avec la logique pure et argumentée qu’est Ti… Donc Ti n’est pas leur fort. Donc comment imaginer que quelqu’un oscille entre INTP et INFP ?
J’espère que mon interrogation est claire.
J’ai du mal à saisir cet aspect du MBTI : est-ce une limite du modèle, ou non ?
Coucou Loïc, merci pour ton commentaire et oui, ton interrogation est claire 🙂
Je passe partager mon point de vue sur la question, à prendre pour ce qu’il est : une opinion personnelle, fondée sur mes expériences personnelles et professionnelles. Donc, sans prétendre détenir la vérité, voici ce que j’en pense :
– Oui, nous avons bien un seul type MBTI, et oui, l’expression d’un même type (et de chaque fonction) peut varier très fort d’une personne à l’autre (heureusement d’ailleurs). Il y a la structure globale, avec les schémas récurrents qui permettent l’élaboration d’une typologie, et il y a les facteurs individuels, sources de nuances multiples et variées.
– La question des 50 / 50 revient souvent, à juste titre, car je comprends que ça puisse brouiller les pistes. Cependant pour moi, il ne s’agit pas des limites du modèle, mais plutôt des limites des tests. Prenons un exemple concret avec les types que cites : un 50 / 50 sur l’axe T / F ne me surprend absolument pas. Ti et Fi sont deux fonctions très très liées à l’identité, à l’ego. Que ce soit avec une préférence marquée Fi ou Ti, chaque utilisateur est convaincu de détenir la vérité, car elle correspond à sa logique personnelle (et bonne chance pour les faire changer d’avis). Peu importe la nature de cette logique. Par exemple, un type INFP pourrait tout à fait répondre dans un test que oui, il prend des décisions basées sur la logique (ce qui est bien le cas : sa logique émotionnelle).
Les questions des tests sont toujours soumises à interprétation par le participant, et c’est normal. Pour ma part, je privilégie largement les observations et les échanges répétés avec questions ciblées avant de commencer à me faire un avis. Maintenant, je ne tiens pas à démonter complètement les tests non plus, car ils ont leur intérêt. Si l’hésitation se situe entre Ti et Fi, cela reste tout à fait cohérent, pour les raisons expliquées ci-dessus. Si quelqu’un me disait par exemple “J’hésite vraiment entre Ni et Se en tant que préférence dominante”, là je me dirais “Tiens, ça c’est vraiment curieux…” 😀
Merci pour cet article ! J’ai toujours eu beaucoup de mal à faire un test de personnalité sans que cela devienne très flou à un moment donné dans ma tête ☹️ . Cocher une seule réponse quand on a cette impression d’être plusieurs est très frustrante …
Merci pour ton commentaire Deborah 🙂
Hello et merci à vous deux pour cet article.
Amusant ce deuxième point, et très vrai pour l’INFP que je suis (urgh, me ranger dans une case, moi ?).
Cela dit, depuis que j’ai exploré les divers fonctionnements inhérents à mon type, je suis très content d’être dans cette case qui, justement, me semble être celle qui se rapproche le plus de l’idée que je me fais de la liberté (d’être ce que je veux, tout ça).
Pour moi, c’est une sorte de type ouvert, sortant des cadres que je fuis tant, et avec très peu de contraintes dès lors que l’on se façonne un environnement adéquat, et surtout que l’on apprend à se connaître.
Quelque part, il nous faut donc accepter d’entrer dans un cadre pour pouvoir mieux en sortir… ? (J’entends tout à coup le générique de la Twilight Zone…)
Je remarque aussi que les types dont je me rapproche le plus (fonctionnellement comme relationnellement parlant) sont ceux qui n’ont qu’une lettre de différence avec moi (soit ENFP, ISFP, INTP et INFJ). Un peu comme des modes qui s’activent par moments (parfois plusieurs fois dans la même journée). Je ne sais pas si c’est une récurrence. Mais c’est peut-être aussi en fonction de ce que j’ai envie d’être sur le moment, comme la Chouette l’a souligné 🙂
Au plaisir de vous relire !
Salut Lucas, merci pour ton commentaire !
Juste un petit mot pour te dire que ta phrase “Quelque part, il nous faut donc accepter d’entrer dans un cadre pour pouvoir mieux en sortir… ?” résume bien ma philosophie de la case : connaître ses limites, sa zone de confort, pour pouvoir décider de sortir des murs et oser partir à l’aventure dans la twilight zone (je suis fan). Et revenir au refuge quand on ressent le besoin.
Je sais que pas mal de personnes ont du mal à accepter ce concept de case, car elles le perçoivent comme une prison où on est enfermé. Je préfère voir une case comme une maison (casa) où on se sent bien. Et comme dans la vraie vie, on est libre de faire du cocooning à la maison ou de sortir et partir en expédition dans des contrées inconnues si ça nous chante, ce qui est toujours bienvenu pour élargir nos horizons et notre vision. Mais ce n’est pas la case qui nous enferme (la pauvre, elle n’a même pas d’existence concrète ni aucun pouvoir de décision et on l’accuse de tous les maux 😆 ), c’est nous-même (ou les autres, parfois).